L’art, le design, la science et la technologie cohabitent en bonne intelligence dans l’œuvre de Mathieu Lehanneur. Multidisciplinaire et sans limites, il est l’un des rares à avoir créé une marque à son nom pour dessiner en toute liberté. Une quête d’absolu, consacrée par Maison&Objet.
« Il y a 30 ans, à la création de Maison&Objet, je démarrais mes études de design. Je n’avais encore jamais rien créé mais le salon était un objectif, que dis-je… un Graal ! » M. Lehanneur
Les designers français seraient-ils en quête de l’objet mythique ? Jeune, Mathieu Lehanneur ferraillait comme un chevalier de la table ronde… « 30 ans après, la promesse a été tenue, et bien au-delà de nos espérances, » dit-il. Pour 2024, le voici Designer de l’année Maison&Objet.
Des tables, rondes, carrées, ovales il en a plein ses carnets, même si les formes déjà inventées ne font pas partie de son vocabulaire. Sa série de meubles Ocean Memories matérialise sur leurs plateaux le relief des vagues comme pétrifiées dans le marbre. Sa lampe S.M.O.K.E semble emprisonner un nuage de fumée dans une bulle de verre aux transparences fugaces et contours rebondis. Son lustre Deep Time dégringole tel un éclair frappé par la foudre. Mathieu Lehanneur est inspiré par la nature et la science, qui à elles deux promettent de la magie à qui saura les maîtriser.
L’objet mythique ? Mathieu Lehanneur poursuit plutôt l’objet magique. « Dans notre monde saturé d’objets, toutes les matières sont là déjà depuis la nuit des temps. Je les expérimente pour leur faire dire autre chose. Je veux de la magie, mais dans le monde réel, il faut quelques petits trucs pour que ça marche ».
Alors le designer s’entoure de scientifiques, d’ingénieurs et d’artisans pour régler au plus près ses tours de passe-passe. Le goût pour la recherche lui est venu très tôt. Son mémoire de fin d’études à l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) portait sur le design des médicaments. Projet référencé au MOMA, à New-York. Plus tard, il dessine Andrea, un objet capable de dépolluer l’atmosphère grâce aux plantes, avec le professeur David Edwards, de Harvard, à partir d’observations de la NASA. Aujourd’hui, Mathieu Lehanneur est capable de faire tenir une console de marbre d’une tonne sur des bulles de verre. « L’idée est fragile au départ, on a besoin de bonnes fées, dit-il. » Dans ce cas précis, l’étoile est venue d’un artisan verrier qui a accepté de l’accompagner dans ses recherches. 2024 s’annonce comme une grande année. Mathieu Lehanneur vient d’inaugurer La Factory, son bureau-atelier où il dessine, expérimente, assemble et expédie tout ce qui porte son nom. Il a dessiné la flamme olympique des jeux de Paris. Fêtera ses 50 ans. Et Maison&Objet lui remet la médaille d’or.
« Fuir, prendre la tangente, respirer, vivre… Voici quelques actions qui résument assez bien le projet que je présenterai à Maison&Objet en janvier 2024. Sans trop en dire pour le moment, le projet se construit sur l’idée d’indépendance et de liberté, loin du bruit et de la densité. Vers un ailleurs où chacun peut repenser sa façon de vivre et d’interagir avec son environnement. Vers un ailleurs pour inventer et se réinventer.
Le projet Outonomy est un écosystème de vie, à la fois minimal et optimal. L’histoire de la civilisation et de l’architecture est ponctuée de tentatives, de solutions et de propositions d’un habitat isolé : l’igloo, la cabane, la hutte ou la yourte. L’enjeu ici est de combiner nos besoins et les technologies actuelles.
Loin d’une nostalgie ou d’une tentative de revenir sur nos pas, Outonomy tente de répondre à la question: de quoi ai-je vraiment besoin?... ».