En Belgique, Libeco travaille la fibre de lin depuis près de 160 ans. Sa passion sans concession pour cette matière naturelle fait aujourd’hui toute sa modernité !
C’est à Courtrai, en Belgique, que Paul Libeert créait sa société de négoce de toile de lin en 1864, Libeert&Co rapidement rebaptisée Libeco. Le lin est l’un des plus anciens textiles de l’histoire, on décèle sa trace bien avant l’antiquité. Au fil du temps, il a trouvé son terroir dans les riches plaines autour des Flandres, entre France, Belgique et Pays-Bas. Aujourd’hui encore, 80% de la production mondiale se fait dans un croissant partant de Caen, en Normandie, jusqu’à Amsterdam en Hollande. Après Paul, Albert, Raymond puis Jean-Loup Libeert ont pérennisé l’entreprise, présidée aujourd’hui par Raymond (junior), cinquième génération de Libeert à reprendre le flambeau. C’est dire combien cette famille maîtrise sa matière première. L’histoire de Libeco est jalonnée de défis. En 1904, Paul passe du négoce au tissage sur métier mécanique, installant la manufacture à Meulebeke, à 15 kilomètres de son siège historique. Jusqu’alors, le lin était filé puis tissé sur des métiers à main durant les mois d’hiver par les familles de paysans qui cultivaient la plante en été. L’entreprise résiste à la concurrence du coton, puis des matières synthétiques, refusant tout compromis. Le lin est l’une des fibres les plus écologiques au monde, Libeco a toujours écarté le mélange avec quelque autre composant, si ce n’est parfois de la laine, mais en proportion minime. En 1997, elle fusionne même avec son vénérable voisin, Lagae, spécialiste des toiles fines de lin, créée par Victor Lagae en 1858.
L’histoire lui donne raison. Face aux défis environnementaux, les consommateurs renouent avec l’authenticité et la noblesse du lin. Dans les années 80, Libeco s’est diversifié, en concevant d’abord des vêtements, avant d’habiller les maisons. Amy Behn, styliste américaine et épouse de Raymond Libeert, crée aujourd’hui de véritables collections life-style comprenant linge de table, de lit, de bain, coussins, trousses et sacs. La matière, anoblie et adoucie, reçoit juste d’infinies variations de rayures, mais le style reste intemporel, coordonnable au fil des saisons. « Le lin possède des irrégularités qui font sa beauté, il n’a pas besoin de jacquards ou de chevrons pour s’embellir, c’est dans sa simplicité qu’il est luxueux, fait valoir Bart Vandamme, le co-PDG de Libeco. » La créatrice trouve son best-seller avec sa « belgian towel » adaptation en lin de la célèbre fouta tunisienne, à la fois plaid et serviette. La collection est exportée à 95%, en direction de 65 pays. « Nous sommes fidèles depuis la première édition à Maison&Objet, souligne Bart Vandamme. Dans les années 90, nous n’exposions que des nappes et du linge de lit. L’offre est aujourd’hui globale pour toute la maison. Ce salon est capital pour nous. Il nous permet à la fois d’avoir un premier retour de nos clients sur nos collections, mais aussi de rencontrer nos clients lointains venant d’Asie. »
A Meulebeke, la manufacture a suivi les progrès technologiques, les métiers sont désormais électroniques, mais au fond rien ne semble avoir changé. La maîtrise de cette fibre complexe est transmise dans les ateliers de père en fils et petit-fils. Chaque mètre de tissus est inspecté à l’œil et repris si besoin à la main. Les bâtiments se convertissent à l’énergie solaire, la matière première est produite localement, Libeco affiche une totale neutralité carbone depuis plusieurs années. « Nous compensons nos émissions par des actions contre la déforestation en Ouganda. La durabilité est inscrite dans notre ADN. »
Par Caroline Tossan
Illustration © Sarah Bouillaud
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