« Ce sont des objets anciens ou des reproductions ? » C’est la question la plus posée sur le stand All’Origine à MAISON&OBJET. « Tout est authentique, et date en général du milieu du XXème siècle » répond invariablement Davide Mariani.
Des dizaines de sellettes à gâteau en verre sculpté à l’ancienne s’alignent sur les étagères. Dessous, une accumulation de bombonnes tressées recouvertes de scoubidous multicolores semble tout droit sortie d’un film italien des années 50. Sur la table, des piles de nappes en chanvre rayé, toutes semblables, à quelques détails près. Ici, une centaine de siphons à eau de seltz, tous uniques… Quel chineur n’a pas rêvé de réunir un tel trésor ? Davide Mariani l’a fait. Sa collection est si vaste qu’il peut se permettre de vendre en grandes quantités, uniquement aux professionnels. Les décorateurs en raffolent. Les restaurants aussi. A-t-il vidé les stocks d’anciennes usines désaffectées ? « Non, chaque pièce a été chinée une par une sur des marchés… » Une telle patience est unique et l’œuvre de passionnés.
Davide Mariani était antiquaire en Italie et s’ennuyait à vendre une fois tous les quatre matins un meuble Biedermeier ou une paire de chaises de Thonet. Sa passion pour les arts décoratifs d’Europe centrale le fait peu à peu s’intéresser aux objets du quotidien qui le charment sur les marchés, en Roumanie, en Autriche, en Bulgarie. Des articles, pour lui, universels : « on peut retrouver des racines communes entre des ustensiles du sud de l’Ukraine et du sud de la France. Pour moi, l’Europe de l’objet s’est faite dès le début de l’ère industrielle, au XIXème siècle, bien avant l’union Européenne. »
« Il n’y a qu’au salon de Paris que l’on trouve la clientèle qui ait la compréhension et la culture pour nous apprécier ».
Dans son entrepôt, près d’Imola en Italie, il accumule, trie, nettoie, sans trop restaurer. Plusieurs « thèmes » sont en attente d’être complétés en assez d’exemplaires pour être exposés. Car pour ces objets « modestes », le plus bel effet décoratif est l’accumulation. Avec Corina Jucan, sa directrice artistique, ils décident des nouvelles séries à rassembler. « Cela peut prendre plusieurs mois, mais on y parvient » dit calmement le brocanteur. Ainsi, les tabourets en bois peint, les poissons en verre soufflé, les flacons de pharmacie, les planches à découper, et une étonnante collection de rouleaux pochoirs en caoutchouc pour peindre les frises anciennes s’alignent dans les paniers et sur les étagères. Ils compulsent les vieux catalogues pour s’inspirer. Davide est parti quinze jours par mois. Il dispose d’un réseau d’indicateurs dans les petites brocantes des campagnes d’Ukraine ou de Transylvanie. Il n’a pas hésité à équiper certains d’un téléphone portable pour qu’ils puissent envoyer des photos de repérage.
Pour vendre ses merveilles, Davide n’avait qu’une idée en tête : « MAISON&OBJET ! C’est un salon unique en Europe. Il n’y a qu’ici que l’on trouve la clientèle qui ait la compréhension et la culture pour apprécier ce genre de choses. » Dans les allées, l’étalage détone et intrigue. La proposition est tout à fait pertinente d’un point de vue écologique. « En matière de décoration, les objets les moins polluants sont ceux qui sont déjà fabriqués » conclue Davide avec malice.
Par Caroline Tossan